April 4 2017
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Jean Marc Mariottini est docteur en «sociologie et ethnologie des sociétés méditerranéennes». Son activité professionnelle aura été toute entière consacrée au terrain, à l'enquête de terrain, des missions qui l'ont conduit à s'intéresser aux sujets les plus divers sur l'aire italo-provençale, que ce soit dans le domaine rural (villag e de l'Apennin toscan, élevage mulassier à Seyne-les-Alpes, fromage de Banon, lavande, truffe provençale, nouveaux habitants de la campagne, maisons d'expédition de Cavaillon...) ou urbain (publics des stades de football, petit trafic de drogue dans les cités marseillaises, inondations d'Arles, culture rap...). Avec les années 2000 et les nouvelles frasques idéologiques de la modernité, il se sent cependant obligé de monter au créneau pour s'aventurer sur le terrain – ô combien plus glissant celui-là – de la question de société, qu'il aborde sur le ton résolument léger du conte philosophique, sociologique, et selon une approche qu'il veut surtout critique, c'est-à-dire libre et indépendante, à l'écart des façons de penser dominantes, partisanes. Après avoir traité de l’égalité dans le rapport homme-femme (#01 L'équilibre des sexes, 2008), il élargit ensuite son propos aux valeurs en général - une religion nouvelle ? - dans sa dernière publication (#02 Temps mort !, 2017).
#01 L'équilibre des sexes (ou la grande grève de la petite graine)
Savoir où l'on met les pieds et les y mettre en toute connaissance de cause. On nous parle d'égalité des sexes comme si l'homme et la femme étaient de race, de religion ou de nationalité différentes, c'est-à-dire comme s'ils étaient des individus n'ayant rien d'autre à partager que le simple fait d'être membres d'une même société et qui, à ce titre et à juste titre, devraient donc être considérés également. Mais ce n'est pas le cas... Qu'ils deviennent en effet père et mère, et cet homme et cette femme vont avoir tout de suite autre chose en commun : un enfant. Et c'est bien ce qui fait toute la différence et toute la question : comment en effet partager cet enfant ? Or, très étrangement, voilà une question qui a toujours été largement occultée dans le débat qui agite les esprits à propos de la relation homme-femme, de leur égalité, leur parité... à se demander même comment il aura été possible de parler aussi longtemps de sexe et de relation entre les sexes sans jamais évoquer clairement la question de la reproduction ! C'est bien cette lacune que se propose de combler la présente contribution : replacer la question de l'enfant au centre du débat, mais surtout celle de son partage afin que ce passeport pour l'éternité le soit effectivement pour chacun des deux parents. Car lorsque la technique permettra à chacun d'enfanter, homme et femme confondus, et que la question du partage de l'enfant ne se posera donc plus, et que disparaîtra avec elle encore plus assurément la question même de l'égalité des sexes, peut-être s'apercevra-t-on alors et conviendra-t-on en effet qu'attribuer au père de famille une certaine priorité en matière de politique et d'économie n'aura jamais été que le seul moyen trouvé par les sociétés humaines de maintenir un certain équilibre dans ce rapport à l'enfant.
Un thème certes rebattu que celui de l'égalité des sexes, et une question désormais tranchée et bien tranchée - il n'y a plus photo ! -, mais on peut quand même se demander si cette "égalité", loin de réduire justement toute la distance qui sépare les sexes, n'en accentuerait pas au contraire l'écart. Femme et homme paraissent en effet aujourd'hui camper sur des positions toujours plus opposées, radicales, de quoi annoncer peut-être quelque conflit social majeur comme pourrait l'être par exemple une grève du sperme, et de là, pour y remédier, quelques avancées techniques non moins décisives et historiques : mise au point d'Ovula et de Spermato, puis surtout de l'ODM/VT, cette machine à enfanter...
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#02 Temps mort ! (ou la nouvelle religion)
L'hypothèse est celle-là : pour que naisse et que se développe la société de consommation, il fallait de la religion, une autre, une nouvelle, une civile... ce sera celle « des valeurs »... initiée par le célèbre Liberté-Egalité-Fraternité de 1789, elle s'étoffera très largement par la suite avec les droits de l'homme, mai 68, et la Diversité... c'est tout ce qui doit produire l'image d'un certain petit paradis terrestre, à caractère social, le paradis social terrestre. Si comme toutes les autres religions celle des valeurs sert aussi bien sûr les intérêts de tous, en ce qu'elle permet le rêve justement, l'illusion, la croyance et l'espoir, elle profite surtout au très grand capital. Tout d'abord, cette mise en scène, cette célébration désormais quasi incantatoire des fameuses valeurs sert d'écran de fumée à la seule vraie différence entre tous, celle économique, et qui elle se creuse bien sûr, ô combien... Ensuite et ce faisant, et comme à prendre le paradis pour de la réalité on sort toujours très vite de la route, elle plonge les esprits dans une confusion idéologique sans précédent, notre lot actuel (Gauche = Droite, femme = homme, animal = personne...), celle-là même qui fait se brouiller les pistes, l'ordre des priorités, et finalement se tromper de question. Ainsi, comme chacun le sait bien, si le monde va mal aujourd'hui, c'est parce qu'il y traîne encore des racistes et des sexistes, des homophobes et des xénophobes, et autres persécuteurs de la nature ou des animaux... et non pas, mais alors pas du tout, parce que c'est là un monde où il est possible pour certains de gagner 300, 400 ou 500 fois plus que d'autres !
Il sera question ici de se demander si ce que l'on appelle « les valeurs », cette idéologie ô combien dominante aujourd'hui, ne cacherait pas des intérêts autrement plus sonnants et trébuchants que le simple bonheur de l'humanité. Et de souligner par là le lien qui pourrait exister entre deux entités que l'on présente volontiers comme antinomiques, inconciliables, contradictoires : de la très belle morale sociale d'un côté – les fameuses valeurs donc – et le grand capital de l'autre. Et si les tenants de l'une travaillaient en fait, objectivement, pour les tenants de l'autre ?...
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# 03 Mon contexte moins un
Si le « contexte zéro » est bien ce milieu que l'on trouve en naissant, somme d'éléments caractéristiques d'un lieu (paysage, climat, des sons et des odeurs, une ambiance... et du rapport à l'autre) auxquels va s'ouvrir pour la première fois le capital génétique et qui, en cela, commencent à déterminer... alors le « contexte moins un » concerne, lui, tout ce qui a pu se passer avant, le vécu d'autres gens, somme cette fois d'expériences antérieures susceptibles elles d'avoir influé sur le fameux capital génétique.
Bref, nous voilà embarqués pour une histoire de famille, chronique qui va avoir pour cadre d'abord les plis et les replis de l'Apennin toscan, et ensuite un quartier de Marseille, du centre et d'en haut : Vauban.
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Du même auteur : Nazzaro Village de l'Apennin Toscan
Il s'agit là d'une thèse de doctorat de 3ème cycle d'université, revue et complétée en vue de sa publication par les éditions du CNRS en 1984. Les tirages sont certes maintenant épuisés, mais une version « en ligne » reste quand même accessible sur internet.
Au-delà de l’intérêt purement ethnographique de cette contribution – monographie d'une communauté villageoise à une époque de quasi autarcie, où les gens se partageaient entre les « saisons » du charbon de bois et une petite activité agricole, forestière et pastorale d'appoint au village – on trouvera ici, en conclusion, les premières réflexions de l'auteur sur ce qui allait devenir l'un de ses principaux cheval de bataille : l'enrichissement technologique (le moteur, la machine...) comme cause première d'un appauvrissement social (éclatement du groupe, individualisation des tâches, ensolitudement...). Déjà en 1984 !
Pour consulter cet ouvrage en ligne (sur Google Livres) :
Nazzaro, village de l'Apennin Toscan
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